L'étrange blogue - Mot-clé - communicationQuantité de choses.2023-03-19T13:28:27+01:00urn:md5:fb50d20b38a88adda5c20f24ab7f22e1DotclearBrandis ta brandurn:md5:7bf1582f0fdfdee499aa3fe61e4073382010-12-08T00:56:00+01:002010-12-12T23:28:44+01:00ACcommunicationmarquespropagandepublicité <p>— Quelle heure ?<br />
— Dix heures vingt d'après mon Omega.<br />
— Mince, il faut y aller, mon agenda Exatime indique que le rendez-vous est à onze heures. On prend ma C4 groupe PSA Peugeot-Citroën ou ton Audi A3 groupe Volkswagen AG ?<br />
— Oh, employons plutôt les rames de métro VAL de Siemens Transportation Systems, on évitera les bouchons.<br />
— Excellente idée, l'échangeur Cofiroute est souvent bloqué ces temps-ci. J'étrennerai mes nouvelles Mephisto.<br />
— Je boirais bien du Maison du Café dans ma tasse Ikea avant d'y aller.<br />
— Je te suis, je n'ai pas eu le temps d'avoir mon Nestlé Nespresso ce matin. Juste pu avaler deux Heudebert et un verre Pyrex plein de Tropicana.<br />
— J'ai aussi eu du mal à me lever, j'ai veillé tard sur mon canapé Château d'Ax devant un film Sony Pictures Entertainment vu sur ma télé LG.<br />
— Tiens, on a vu le même.</p>
<p>Ils ont l'air bête, hein ?</p>
<p>Bonne nouvelle : ça ne prend que quelques secondes de virer le foutu message « Envoyé de mon iPhone » ou « depuis un terminal BlackBerry » qui conclut trop souvent les mails des possesseurs de ces appareils. Ne vous en faites pas, vous restez fréquentables sans cela.</p>
<p>Rédigé sur mon MacBook Pro.</p>Facebook a sauvé les blogsurn:md5:e9ee87c2da25b369b50b56c2675432ed2010-07-11T17:22:00+02:002010-07-15T13:44:24+02:00ACblogcommunicationFacebookinternetliberté <p><q>Ton blog existe encore ? Je pensais que Facebook avait tué tous les blogs.</q></p>
<p>Au contraire. Facebook a sauvé les blogs. Je me méfie de Facebook comme de la peste (c'est-à-dire pas assez) mais je dois bien leur reconnaître ça.</p>
<p><strong>Facebook a sauvé les blogs en absorbant tout le contenu instantané</strong>, personnel, privé et périssable ; en offrant un support dédié à ce qui atterrissait jusque là, faute d'une plateforme plus pratique, sur des blogs : les nouvelles qu'on donne de soi, l'humeur anecdotique du moment, les photos du petit dernier, les lolcats et vidéos-mdr… Une fois la tornade Facebook passée, on voit qu'il reste un paysage fait de monuments plus solides, de balises plus visibles. Le blog ultra-personnel n'existe presque plus, sauf chez quelques rédacteurs que l'on va plutôt lire pour la qualité de leur écriture que pour celle de leur vie. Les blogs qui subsistent ont la volonté de durer en tant que fournisseurs de contenu original et public. Et ils vont être de plus en plus faciles à trouver car seuls à utiliser le terme « blog ».</p>
<p>Bien sûr, le contenu « anecdotique » a sa place sur Internet et n'est pas un sous-contenu — par bien des aspects, avoir des nouvelles de ses proches ou rire avec eux (même virtuellement) est plus important qu'une critique de film ou qu'une chronique économique. Mais la migration de ce contenu vers Facebook a clarifié le net, le contenu social se retrouvant séparé du contenu public. Facebook prend en charge la communication quand les blogs conservent l'expression et le contrôle technique et légal de leur publication.</p>
<p><strong>Facebook a sauvé les blogs, aussi, en leur offrant le substrat qui leur faisait défaut.</strong> On parle de blogosphère — elle n'existe pas. Il y a une myriade de blogs et pas de connexions, pas de médium entre eux. Il faut être un peu narcissique pour tenir un blog. On s'occupe beaucoup de son petit territoire. Pas que l'on n'aime pas les autres blogs — j'en lis des dizaines. Mais, plus prosaïquement, en dehors de la citation et de la revue de presse, les journaux ont-ils des connexions plus fortes que le marchand de journaux ? Je ne crois pas. De même, jusqu'à maintenant, à part quelques liens et citations, les blogs n'avaient en commun qu'un net bien trop immense.</p>
<p>Désormais, ils ont Facebook qui leur permet de matérialiser un tissu social entre lecteurs. Certes, Facebook ne rapproche toujours pas les blogs entre eux mais il crée une façon unifiée d'accéder à leur contenu via des phénomènes de recommandations en cascade : quand un article fait mouche, son succès repose beaucoup moins qu'avant sur la chance (celle d'être lu par un auteur influent qui le recommandera à son tour sur son blog, celle d'être bien classé dans les moteurs de recherche, etc.). Il suffit qu'un ou deux anonymes le trouvent suffisamment intéressant pour coller le lien sur leur mur, que les amis intéressés le recommandent à leur tour, etc., pour que l'article soit lu. Les gens sont grégaires, ils ont besoin que d'autres aiment la même chose qu'eux pour se rassurer sur leurs propres goûts. C'est particulièrement vrai en musique mais ça vaut aussi pour les blogs.</p>
<p>Revers de la médaille : les commentaires et recommandations (« j'aime ») ayant désormais lieu sur Facebook, ils ont de grandes chances de ne pas remonter jusqu'à l'auteur. Simultanément, le blog lui-même perd en activité visible. Facebook fournit quelques outils permettant d'afficher sur le site une partie des réactions qu'il a engendrées mais ils sont tout sauf exhaustifs (Facebook protège les commentaires de ses utilisateurs réalisés dans le cadre semi-privé de leur cercle d'amis — ce qui est très bien pour les utilisateurs, moins pour les sites concernés). Le bouton « j'aime » est, quant à lui, à double tranchant : s'il permet aux flemmards, qui n'auraient jamais pris leur clavier pour réagir, de recommander du contenu, il permet à une deuxième classe de flemmards de ne <em>plus</em> prendre leur clavier, quand ils en auraient fait l'effort autrement. Enfin, tout cela n'est pas très grave, l'intérêt d'un blog étant plus dans la publication que dans les réactions.</p>
<p><strong>Facebook a sauvé les blogs, enfin, en étant sans doute l'agrégateur de flux le plus accessible</strong>, utilisable sans avoir jamais entendu parler de <em>flux RSS</em>, ce qui est le cas de la plupart des gens. Il suffit d'« aimer » un site pour retrouver toutes ses publications sur sa page d'accueil Facebook, pour peu que l'auteur du site en question ait fait l'effort de paramétrer correctement la page dédiée à son site. Un seul clic.</p>
<p>Évidemment, en écrivant cela, j'ai un peu l'impression de vendre mon âme au diable. Alors je me sens obligé de dire l'évidence : tout en étant utile, Facebook est un écosystème fermé, non régulé autrement que par ses propriétaires et qui n'a pour objectif que secondaire la satisfaction de ses utilisateurs, cette satisfaction étant requise pour accomplir leur objectif commercial, celui d'afficher les publicités les plus ciblées et les plus insidieuses possibles à autant d'utilisateurs que possible, qui auront, sans s'en rendre compte, livré pendant des années tous les détails de leur vie et de leurs goûts à des algorithmes statistiques nourrissant des bases de données nous connaissant mieux que quiconque. Le rêve de toute agence de renseignement, sans même avoir à cacher les micros, car les gens sont prévenus et consentants.</p>
<p><strong>Alors voilà peut-être la dernière raison pour laquelle Facebook a sauvé les blogs : en nous rappelant qu'il est essentiel de conserver des espaces d'expression totalement indépendants.</strong></p>Pas crédibleurn:md5:50c91178a4e3b9a8a5164a21069100172010-07-05T21:07:00+02:002010-07-26T15:06:29+02:00ACbullshitcommunicationcrédibilitécrédiblelangage<p>Dans la série « le langage mute », aujourd'hui : <strong><em>crédible</em></strong>.</p> <p><img src="http://blog.pnk.fr/public/images/photos/microphone.jpg" alt="Microfono - Microphone" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Microfono - Microphone" />Ah, ils sont filous, les chargés de communication, les <em>communicants</em>, comme on dit. S'ils avaient un saint-patron, il s'appellerait Communique, nique, nique.</p>
<p>Il faut dire qu'ils ont un métier difficile et des clients qui leur demandent l'impossible. Imaginez l'agence ou le service interne qui s'occupe de la communication de BP : <q>Les gars, on a tellement de brut qui dégueule du fond de l'océan qu'on n'a pas la moindre idée de l'ampleur du désastre, sinon que c'est le pire de tous les temps. On a un président qui a le culot de dire au monde entier que cette catastrophe lui a dégradé sa qualité de vie, puis qui fait l'autruche en préférant être sur un voilier de luxe plutôt que d'aller faire un tour dans le golfe du Mexique pour montrer que peut-être, il se sentirait un peu concerné. On a aussi derrière nous des années de campagnes publicitaires où on vante les énergies propres et notre engagement écologique. Enfin, des preuves commencent à émerger que tout ça, c'est dû à une grosse connerie d'un de nos managers. Bon. Vous me faites un plan de com dans la soirée pour arranger tout ça ?</q></p>
<p>Alors, oui, ces types travaillent exclusivement à coups de ruses perfides, mais ont-ils vraiment le choix ? (Bien sûr, ils pourraient faire un boulot honnête, mais alors, sur quoi j'écrirais, moi ?)</p>
<p>Parmi toutes ces ruses, j'ai l'impression qu'ils ont récemment trouvé un petit outil bien pratique. L'adjectif <em>crédible</em>. Autrefois, pour vanter une action, un programme politique, un plan de restructuration, on osait promettre l'utilité, le réalisme, l'innovation, la révolution, voire, audace extrême, la solution. Quelle imprudence. Et si le plan s'avérait inutile, irréaliste, recyclé, sans impact ? Ça pourrait, plus tard, se retourner contre l'auteur du projet, contre l'orateur qui avait promis la lune. Mais un discours sans promesse, c'est comme un beau melon qui ne sent rien, personne ne prend !</p>
<p><strong>Comment faire une belle promesse, bien séduisante, qui n'engage à rien ?</strong> Une promesse qui n'engage à rien, est-ce possible ?</p>
<p>Eh bien, oui ! <strong>Désormais, grâce à l'adjectif <em>crédible</em>, on vous fait simplement la promesse que vous allez peut-être réussir à gober qu'on est en train de vous faire une belle promesse.</strong></p>
<p>Ainsi, aujourd'hui même, annonçant ses plans pour l'avenir de son entreprise, Stéphane Richard, le directeur général de France Télécom, nous a fait rêver, j'en avais les larmes aux yeux. Le projet <q>Conquêtes 2015</q> (sic) doit <q>absolument contenir des éléments, des objectifs, et des moyens précis qui permettent de répondre (…) de façon crédible aux problèmes que nous avons rencontrés en France</q>.</p>
<p>Diable, c'est ambitieux. Le but, la promesse, est de <em>répondre de façon crédible aux problèmes</em>. C'est-à-dire, de façon à ce que les gens soient persuadés qu'on y répond, que ce soit le cas ou non. C'est ça, la définition de crédible. Qui a l'apparence du vrai. Décrire quelque chose comme crédible plutôt que comme certain, c'est donc presque un aveu d'incapacité, pour ne pas dire un mensonge. D'ailleurs, on manipule les crédules à coups de crédible.</p>
<p>Est-ce pour ça, pour sa valeur de manipulation, que le mot crédible prend une valeur aussi positive aux yeux des communicants ?</p>
<p>Non, je ne serai pas cynique au point de penser les communicants si cyniques.</p>
<p>Plus probablement, l'expression <em>pas crédible</em> a, elle, généralement à raison, une valeur négative. <q>C'est pas crédible, ton truc.</q></p>
<p>Alors, par un raccourci de logique totalement faux, on imagine que si <em>pas crédible</em>, c'est mal, alors <em>crédible</em>, c'est bien. <em>Socrate est un homme, donc ceux qui ne sont pas Socrate ne sont pas humains.</em> Ça se résume à une connerie pareille.</p>
<h4>Mieux encore</h4>
<p>Non avare de crédibilité, monsieur France Télécom peut faire mieux :</p>
<p><q>On fait un plan à cinq ans parce qu'on estime que si on veut être crédible il faut qu'on ait le temps (…)</q></p>
<p><strong><em>On estime que si on veut être crédible, il faut qu'on ait le temps</em></strong></p>
<p>Que nous promet-il là ? Il nous promet qu'ils <em>estiment</em> quelque chose, ce qui est un engagement d'une force rare. Qu'ils estiment quoi ? Qu'ils estiment une théorie qui est que <em>si</em> A <em>alors</em> B.</p>
<p>A, c'est <em>on veut être crédible</em>. Ce n'est même pas une promesse, c'est une supposition, une condition théorique. La condition, donc, est que France Télécom veuille quelque chose. Encore une fois, un bel engagement. Vouloir quoi ? <em>Être crédible</em> ! Résumons : la théorie établit que si France Télécom veut que son plan soit bien ou pas bien (mais ait l'air bien), alors il leur faut du temps ! Une position bien engagée.</p>
<p>Du temps pour quoi ? Peu importe ! On est dans une théorie. Par exemple, si en réalité, ils ne veulent pas être crédibles (et ils n'ont jamais promis qu'ils seraient crédibles, ni même qu'ils voulaient l'être, puisque tout ça est conditionnel), alors il n'y aura jamais besoin de savoir s'il faut du temps ou non. Et encore, c'est ce qu'ils estiment. Et quelle réalisation n'a pas besoin de temps ? Oser estimer qu'une tautologie est vraie, voilà un pari complètement insensé de la part de notre orateur.</p>
<p>Bref.</p>
<p>Mon chargé de com me dit que le billet traîne en longueur et qu'il est temps de prononcer une parole forte qui ralliera tous les suffrages de mon abruti de lectorat. Alors voilà :</p>
<p><strong>À <em>L'étrange blogue de M. Atv’</em>, nous estimons que si nous voulons être crédibles dans notre volonté d'être audacieux, alors il nous faut les moyens de cette volonté.</strong> <em>(Vivats de la foule en liesse.)</em></p>
<p>Merci, merci.</p>
<hr />
<p><em>Photo: </em><a href="http://www.flickr.com/photos/ricardofrancone/4357413615/">Microfono</a><em> par <a href="http://www.flickr.com/photos/ricardofrancone/">Ricardo Francone</a> / flickr, utilisée sous licence CC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/">by-nc-nd</a>.</em></p>MMORPGurn:md5:7dd0f7c203f644d78d110a07a47267b92010-06-26T23:16:00+02:002010-06-26T23:16:00+02:00ACcommunicationFillonpolitiqueSarkozy<p>World of Sarkraft</p> <p>(Billet écrit il y a quelques mois, et j'ai bêtement oublié de le publier.)</p>
<p>Nicolas S. — François, j'ai besoin de ton aide. Pourquoi ? Je vais te le dire : t'as pexé comme un roxxor, t'exploses dans les sondages, les gens t'aiment, t'as chopé masse points de réputation.</p>
<p>François F. — J'ai suivi tes conseils. Je suis resté loin des ennemis. Personne ne m'a vu. Grâce à ma compétence « familiarité faciale avec Jean-Pierre Foucault » qui me donne un excellent score de charisme, je regagne 1 point de réputation par tour de jeu.</p>
<p>Nicolas S. — Excellent. Alors écoute. Moi j'ai que dalle en réputation et depuis que je suis papy c'est pire que tout. Donc je suis un peu coincé en ce moment. Je rate tous mes jets. Il va falloir que tu dépenses quelques points pour moi.</p>
<p>François F. — Bien sûr, Nicolas. Je suis là pour ça. Un capital à entamer pour les coups durs. C'est ce dont nous avions convenu.</p>
<p>Nicolas S. — Alors, François, voilà ce que tu vas faire. Tu vas dire que tu es pour l'interdiction du port de la Burqa en France. J'ai absolument besoin des voix des fachos.</p>
<p>François F. — Je...</p>
<p>Nicolas S. — Puis tu vas te prononcer contre le vote des étrangers. Quand j'en ai parlé, j'avais absolument besoin des voix des babas cool mais là, non, vraiment, y'a assez de pauv' cons dans le pays, on va pas non plus écouter ceux du dehors. <em>Tu</em> vas renier <em>ma</em> promesse. Ça se fait, non ?</p>
<p>François F. — Nicolas, les deux d'un coup, ça va me bouffer toute ma jauge.</p>
<p>Nicolas S. — Écoute, François, tu as ma parole : après, je te remets au placard pendant six mois. Je demande à Borloo et Yade de te lancer deux-trois sorts de régénération de réputation, ça ils savent faire. Tu feras plus une télé, plus une radio, plus une allocution pendant six mois, promis ! Tu ne feras strictement rien ! S'agirait pas de travailler plus pour se planter plus. Je veux absolument que tu sois gonflé à bloc pour les grèves de la rentrée, et qu'on t'ait sous la main en cas de canicule. Je me dévoue, François : pendant six mois, je fais ton boulot, et toi, tu fais mon Foucault.</p>
<h3>Épilogue</h3>
<p>Ça vient de me frapper : Fillon, c'est un peu le James Wilson de Dr. Sarkhouse.</p>
<p>Et finalement, c'est pas pour la canicule que le vieil acariâtre a dégainé Fillon, c'est pour l'affaire Woerth. Grosse artillerie, d'ailleurs : Fillon, Sarko, Copé, Baroin… C'est touche pas à mon pote ! Quand les Français demandent plus de solidarité, je ne suis pas certain qu'ils pensent à ça. (Notons d'ailleurs que le français est la seule langue où le sens du mot solidaire varie selon la personne : <em>je suis solidaire</em> = <em>je reçois de l'argent</em> ; <em>tu es solidaire</em> = <em>tu donnes de l'argent</em>.)</p>In a greenhouse far, far away…urn:md5:947d4bb182ff34175402656db96e4a602010-06-07T21:05:00+02:002010-06-07T23:40:03+02:00ACcommunicationgrande distributionpollutionpublicitéécologie<p>Mes oignons</p> <p>Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il faut changer fondamentalement notre mode de vie pour des raisons écologiques. Il faut vivre et, tant qu'à faire, vivre bien ces quelques décennies qui nous ont été accordées on ne sait trop comment ni pourquoi, dont chaque instant confine à l'émerveillement tant on comprend finalement peu ce qui nous arrive. Tout cela devient assez vain si chacun de mes actes doit être soupesé à l'aune de la longévité de la planète : me faudrait-il occuper mon existence à laisser son empreinte me tourmenter ? Non.</p>
<p>Néanmoins, je suis parfaitement disposé, à effort à peu près égal ou faiblement supérieur, à changer mes habitudes si cela peut faire un quelconque bien à l'environnement ou à autre chose — car je ne crois pas que l'environnement soit une considération à mettre sur un piédestal. Il y a d'autres préoccupations valables ; ce n'est qu'en désacralisant l'environnement qu'on pourra s'en occuper raisonnablement sans tomber dans la négation de l'humanisme. Bref.</p>
<p>À l'aune de ces petits efforts, je me mets à regarder les provenances des légumes. Je trouve ainsi parfaitement idiot d'acheter des pommes de terre d'Égypte ou d'Israël quand on les cultive aussi bien à la sortie de Toulouse. Or, le Carrefour que je fréquente est presque exclusivement fourni en pommes de terre du Moyen-Orient. Des bananes des tropiques : logique. Mais merde, des pommes de terre…</p>
<p>Pire : les bêtes oignons jaunes, qui poussent n'importe où sans difficulté, viennent d'Australie ou de Nouvelle-Zélande. Comme il est amusant de piéger les clients, ils sont vendus sous la marque « Jardins du Midi ».</p>
<p>Je ne parlerais pas de sujets si emmerdants si je n'avais pas vu aujourd'hui une pub Carrefour en pleine page où l'enseigne se targue de distribuer des fruits et légumes d'origine française. Certes, il y en a, ce qui rend la pub vraie. Mais se vanter de cela quand on fait faire vingt mille bornes à des oignons, c'est considérer bien mal ses clients. C'est d'ailleurs une habitude dans la grande distribution, plus encore qu'ailleurs. Offres spéciales plus chères que le produit standard, fausses promesses de baisse des prix, cartes de fidélité attrape-couillon (et on se fait attraper qu'on la prenne ou pas)… En criant assez fort le contraire de ce que l'on fait, on arrive sans doute à convaincre pas mal de monde. (Tiens, c'est aussi la stratégie de com gouvernementale. J'ai souvent l'impression de subir de fausses soldes quand j'écoute les discours politiques, ces temps-ci. Les communicants sans foi ni loi sont la grande plaie contemporaine.)</p>
<p>Dans l'ensemble, je crois que je serais prêt à payer plus rien que pour qu'on arrête de se foutre de ma gueule.</p>
<p>Ah non, zut, ça se mord la queue.</p>
<p>Quoique. C'est finalement un peu ce que je fais en allant au marché autant que possible. C'est plus cher, meilleur, de provenance généralement régionale et sans pub hypocrite qui vous hérisse le poil du dos. Le luxe moderne est celui de rester à l'écart du bourrage de crâne. Lequel me semble tout aussi dangereux que la pollution.</p>
<p><img src="http://blog.pnk.fr/public/images/divers/Cogip-carbone.jpg" alt="Cogip-carbone.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p><em>(D'après </em><a href="http://www.flickr.com/photos/seraph/314155052/" hreflang="en">Rochester Factory</a><em>, de <a href="http://www.flickr.com/photos/seraph/" hreflang="en">Ben Reierson</a> (Flickr), photo utilisée sous contrat Creative Commons <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/deed.en" hreflang="en">by-nc-sa</a>.)</em></p>L'empire d'essenceurn:md5:3909f8dd78cca3969e82092911ae78b12010-06-01T22:52:00+02:002010-06-02T23:09:59+02:00ACBPbullshitcommunicationentreprisefilmmarée noirepublicitépétroleécoblanchiment<p>(et la décence empire)</p> <p>Facile, certes, mais toujours amusant de ressortir ce <a href="http://www.netroadshow.com/custom/bp/bpFLv3.asp?cf=110507" hreflang="en">film de BP vantant les mérites du travail sur une plateforme pétrolière dans le golfe du Mexique</a> (film de 2007).</p>
<p>Enfin, presque amusant.</p>
<p><q>Our policy is no accidents, no harm to people and no damage to the environment.</q><sup>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#pnote-334-1" id="rev-pnote-334-1">1</a>]</sup> Raté, raté et… raté.</p>
<hr />
<p>Un <a href="http://www.netroadshow.com/custom/bp/bpflv3.asp?cf=110309a" hreflang="en">autre film</a> d'entreprise de BP n'hésite pas à décrire le lancement d'une nouvelle plate-forme sous les termes <q>Release the horse and let the thunder roll.</q><sup>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#pnote-334-2" id="rev-pnote-334-2">2</a>]</sup> Titre : <q>Awakening the Sleeping Giant.</q><sup>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#pnote-334-3" id="rev-pnote-334-3">3</a>]</sup> Très rassurant.</p>
<hr />
<p>On continue avec <q><a href="http://www.netroadshow.com/custom/bp/bpflv3.asp?cf=110409a" hreflang="en">Drilling where no well has gone before</a></q><sup>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#pnote-334-4" id="rev-pnote-334-4">4</a>]</sup>, qui commence avec un joli zoom sur le golfe du Mexique et où l'on nous explique que le projet présenté a repoussé les limites de ce qu'on savait faire.</p>
<p>Peut-être ne savait-on pas le faire ?</p>
<hr />
<p>Juste pour le plaisir, citons le titre de <a href="http://www.netroadshow.com/custom/bp/bpflv3.asp?cf=110409d" hreflang="en">ce film</a> (qui ne parle pas de forage pétrolier) : <q>Making money not just promises</q><sup>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#pnote-334-5" id="rev-pnote-334-5">5</a>]</sup></p>
<hr />
<p>Il est amusant de constater que des pubs comme <a href="http://www.netroadshow.com/custom/bp/bpflv3.asp?cf=110909b" hreflang="en">celle-ci</a>, sobrement nommée <q>Oil</q>, qui n'a rien de bien choquant, sont totalement inaccessibles depuis leur site, contrairement à d'autres qui parlent exclusivement d'énergies nouvelles (en gros, elle dit : <q>profitons de notre pétrole américain, et accessoirement développons aussi un peu de gaz naturel, d'énergie éolienne et solaire</q> — on sait bien que BP est une entreprise pétrolière, on ne va pas leur en vouloir de le dire, et on se doute bien que la partie énergies nouvelles du spot, c'est <em>bullshit</em>… ou, plus poliment, de l'<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Écoblanchiment" hreflang="fr">écoblanchiment</a>, mot très utile que je viens de découvrir). Pas la peine de planquer ça comme un gamin pris la main dans le sac.</p>
<p>Après de plus amples recherches, je pense qu'ils ont supprimé de leur site absolument toutes les pubs montrant des plate-formes pétrolières ou parlant de forage pétrolier. Car il y en a pas mal toujours disponibles sur leur hébergement vidéo.</p>
<hr />
<p>Et puis, il y a cette phrase tirée d'une pub BP de 2005 diffusée aux États-Unis : <q>We're investing $15bn in finding new oil and gas in the Gulf of Mexico - it's a start.</q><sup>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#pnote-334-6" id="rev-pnote-334-6">6</a>]</sup> Si ce n'est qu'un début, la suite fait froid dans le dos.</p>
<hr />
<p>Conclusion :</p>
<p><img src="http://blog.pnk.fr/public/images/pub/bp-seeds.jpg" alt="Tu parles…" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>(<em>Nous semons les graines pour les générations futures.</em>)</p>
<p>Tu parles.</p>
<hr />
<p>P.S. : ce billet est un pur amusement sur la forme — qui évidemment en dit un peu sur le fond, mais seulement un peu. Si j'ai le courage, j'écrirai quelque chose de plus réfléchi sur BP et la catastrophe en cours. Mais la situation est bien plus complexe que quelques films dont on peut se moquer. Seulement, se moquer, pour l'instant, on n'a que ça et ça fait du bien.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#rev-pnote-334-1" id="pnote-334-1">1</a>] <em>Notre politique est : pas d'accidents, pas de blessés et pas de dommages à l'environnement.</em></p>
<p>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#rev-pnote-334-2" id="pnote-334-2">2</a>] <em>Libérez le cheval et que le tonnerre gronde.</em></p>
<p>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#rev-pnote-334-3" id="pnote-334-3">3</a>] <em>Réveiller le géant qui dort.</em></p>
<p>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#rev-pnote-334-4" id="pnote-334-4">4</a>] <em>Forer où aucun puits n'a jamais été.</em></p>
<p>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#rev-pnote-334-5" id="pnote-334-5">5</a>] <em>Faire de l'argent, pas seulement des promesses</em></p>
<p>[<a href="http://blog.pnk.fr/post/2010/06/01/Forage-d-archives#rev-pnote-334-6" id="pnote-334-6">6</a>] <em>Nous investissons 15 milliards de dollars pour trouver plus de pétrole et de gaz dans le golfe du Mexique — c'est un début.</em></p></div>
Liberté, j'écris ton NONurn:md5:5212971b1588b98955bb51cb0bacd3a52009-05-07T22:00:00+02:002009-05-07T22:00:00+02:00ACcommunicationlibertépolitiquesociété<p>Le règne de la pensée inique, since 2007.</p> <p>Entre <a href="http://www.maitre-eolas.fr/2009/05/04/1398-pour-aller-en-garde-a-vue-t-as-une-solution" hreflang="fr">le SMS qui envoie son auteur en garde à vue</a> et le <a href="http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/05/07/etre-anti-hadopi-lui-coute-son-poste-a-tf1_1189867_651865.html" hreflang="fr">mail adressé à un député qui vaut à son auteur d'être licencié</a>, je me permets d'espérer que le ministère de l'information de la République élyséenne de France vous laissera accéder à cette pique.</p>
<p><img src="http://blog.pnk.fr/public/images/divers/sms.png" alt="SMS" style="display:block; margin:0 auto;" title="SMS, mai 2009" /></p>