L’ABC, le meilleur ciné toulousain, a rouvert hier après deux ans de travaux. Il y a encore des coups de pinceau à donner et de la moquette à poser, mais l'essentiel est là : des salles refaites à neuf et fonctionnelles.

J'en ai donc profité pour aller voir…

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Parking

Film taïwanais de Chung Mong-Hong (2008).

À Taipei, Chen Mo rentre chez lui pour dîner avec sa femme. Sur le chemin, il s'arrête acheter le gâteau qu'il lui a promis. En sortant du magasin, il retrouve sa voiture bloquée par une autre voiture garée en double file. En cherchant le propriétaire, il fait la connaissance de plusieurs personnages qui deviendront les acteurs récurrents de sa soirée interminable : le patron d'un salon de coiffure, un couple de vieillards et leur petite-fille, une prostituée cherchant à échapper à son maquereau, un tailleur hongkongais endetté… De contretemps en contretemps, il traverse une soirée étrange où la guigne semble s'acharner sur lui.

Ah, ils sont forts, en cinéma, les Asiatiques. Dire que ce n'est que le premier long-métrage du réalisateur, et qu'il en est aussi scénariste et directeur de la photographie ! Parking nous emmène dans une soirée irréelle, une soirée où Chen Mo fait du sur place à force d'avoir des choses à régler avant de pouvoir repartir. Repartir avec sa voiture, certes, mais aussi — force de la métaphore du film — repartir dans sa vie. Ils font du bon cinéma, les Asiatiques, car ils ne jugent pas, ne font que montrer une vie où les événements ne sont jamais évalués, étant de toute façon précurseurs d'une suite imprévisible. Les choses sont, les gens sont, et ils méritent qu'on s'y attarde, tout comme mérite qu'on s'y attarde la superbe photographie du film, à la Wong Kar-Wai, lumières chaudes et froides sur fond de nuit, intérieurs fluorescents, profondeur de champ aux visages nets sur fond de lumières floues… C'est beau !

Un film dont, malgré son fond glauque et tout ce qui peut s'y dérouler de pas sympa, on ressort heureux.