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General Elektriks, c'est Hervé Salters, un franco-britannique installé à San Francisco, fan de vieux claviers. Découvert hier soir dans Taratata et adopté immédiatement. Et Good City for Dreamers est un de mes meilleurs achats musicaux de ces dernières années.

On commence avec Take Back the Instant (très joli clip ci-dessous), ou une espèce de rencontre entre Air et du gros funk. Rythme rock, grosse basse bien funky et percées mélodiques de cordes métalliques. Pas de repos puisque Raid the Radio est un morceau au moins aussi excité et entraînant. Sens du rythme étonnant. Impossible de ne pas bouger. Tout est hyper en place, c'est totalement maîtrisé. Électro version 70's, vibrations chaudes et analogiques. Et on se paie le luxe d'un petit solo à la fin. You Don't Listen verse dans le groove, plus quelques breaks saturés (oui, c'est du clavier), des airs de Chemical Brothers, un peu, avec les basses profondes, plus débridé, décomplexé. En parlant de décomplexé, l'intro de Helicopter vaut son pesant de cacahuètes. Hybridation entre la rythmique de combat de gladiateurs de Fort Boyard et celle, militaire, de l'Agence tous risques. Et puis après, on ne sait pas très bien ce que c'est (on se dit souvent ça en écoutant l'album). Pop, trash, musique de jeu vidéo, non, décidément, ça échappe à tout classement. Cottons of Inertia ne calme le jeu qu'en apparence, toujours dans le mélange impossible. On commence dans la jungle, on se retrouve dans un vieux James Bond, et avant de s'en rendre compte, on se prend les réverbs psychédéliques des Beatles — non, de Pink Floyd — est-on dans Phantom of the Paradise ? — non, non, non, c'est du blues, non ? Jazz. Oh. Je revois James Bond. Et puis c'est le bordel. Pas le temps de souffler, Little Lady est là. Pop groovy. Kitsch, vibraphone électro, boîte à rythme et même des violons. Impossible de ne pas bouger un peu, là-dessus. Complètement funky sur la fin. Variation énorme d'un bout à l'autre de la chanson, qu'on retrouve d'ailleurs tout au long de l'album. La suivante, voyez-vous, n'est pas plus sage. Engine Kickin' In commence dans une série TV des 70's, puis on se croirait sur un arrangement de Michel Jonasz, jusqu'à l'irruption d'un désordre dissonant tout jazzy. Toujours pas de repos avec David Lynch Moments (quel titre !). On commence par une violente téléportation dans les 80's, version Eurythmics. Et puis, oui, Lynch, pourquoi pas. Il y a le délire, le bizarre, la voix féminine sensuelle et énigmatique. Un peu de repos, enfin, avec Gathering All the Lost Loves [traduction en français] dont le son électro, le rythme groovy, la constance et les claquements de doigts font décidément penser à Fujiya & Miyagi. Puis, Mirabelle Pockets n'ayant rien à faire sur cet album, elle a une excellente raison d'y être. La Nuit des éphémères échappe à la classification, c'est une expérience autant qu'un tableau, une ritournelle de bruitages doux et mélodieux qui finit par verser dans le sombre et le mystérieux, avec de la lumière au milieu. Et puis vient Bloodshot Eyes. Ambiance de film policier, de thriller asiatique, quelque chose comme ça. Rebel Sun n'est pas de la pop anglaise, pas la B.O. d'un film d'Almodovar, pas de la variété, pas du rock californien, mais un peu tout ça.

Voyage dans le temps, voyage dans les genres. Hommage au rythme, au son, à la mélodie, aux vibrations, à la musique de ces quarante dernières années. Ça part dans tous les sens, version sous contrôle quoique toujours surprenante. Montagnes russes. La vache, ça fait du bien.