blog.pnk.fr : Quel est le rôle de l'AFOC ?

Jean-Georges d'Oublevé-Bouche : Nous sommes chargés de l'organisation des catastrophes au niveau national. De plus, nous avons un mandat de l'Union européenne qui étend nos compétences à l'Europe lorsque cela s'avère nécessaire.

pnk : Pouvez-vous définir l'organisation de catastrophes ?

JGOB : C'est une tâche extrêmement importante, à la fois très simple à comprendre et très difficile à exercer. Si vous le permettez, je vais prendre un exemple. Les Français se sentent généralement délaissés par leur gouvernement. Ils paient des impôts mais ils ont l'impression de ne jamais en voir la couleur. Notre rôle est de montrer aux Français à la fois que le gouvernement est capable de leur venir en aide et qu'il sait dépenser leur argent quand il le faut. Nous avons donc un rôle essentiellement démagogique.

pnk : Mais concrètement ?

JGOB : Eh bien, par exemple, en 2003, la situation n'était pas brillante dans le pays : chômage, trou de la sécu, perte de confiance des ménages. Aussi, nous avons lancé le projet ENCULE — pour Événement National caniCULE. L'objectif était multiple : premièrement, diminution de la masse démographique coûteuse à la société, les « vieux, » comme on dit. Deuxièmement, l'allongement du temps de travail, sous la forme d'une journée de solidarité nationale. Troisièmement, soutenir les médias qui souffrent traditionnellement d'une période creuse en été.

pnk : Pour une mesure démagogique, on ne peut pas dire qu'elle ait servi l'image du gouvernement à qui on a reproché un temps de réaction trop élevé.

JGOB : Le gouvernement a lancé le plan canicule une fois la diminution de la masse démographique coûteuse à la société jugée suffisante. C'est ce qui était prévu.

pnk : Comment est née l'AFOC ?

JGOB : Beaucoup disent qu'on a voulu copier les Américains au lendemain du 11-Septembre mais c'est faux. Nous étions sur le pied-de-guerre dès 1999 pour finir le millénaire en beauté avec l'opération Tempête du siècle. Nous avions à peine un an d'existence et nous nous étions fait la main avec l'incendie du tunnel du Mont-Blanc. Continuant sur notre lancée, nous organisions l'opération Gonesse en 2000 avec le Concorde.

pnk : On a du mal à saisir ce qui peut motiver le crash d'un avion dans l'intérêt national…

JGOB : Le propriétaire de l'hôtel refusait l'expropriation pour l'agrandissement du Bourget.

pnk : On pourrait objecter un abus de pouvoir de votre part face à des moyens si disproportionnés.

JGOB : On nous l'a souvent reproché, d'autant que cet agrandissement ne s'est jamais fait. C'est pourquoi depuis 2001 nous sommes suivis par une commission de surveillance, la CONARDE [COmmission NAtionale de Régulation des Dérives de l'État, ndlr]. De plus, nous sommes certifiés ISO 9001 et NF Services.

pnk : D'autres catastrophes à votre actif ?

JGOB : Absolument ! La tempête Xynthia a merveilleusement répondu au besoin de se débarrasser des constructions en zones inondables. Il s'en est suivi une formidable prise de conscience de la population que l'homme ne peut pas disposer des ressources naturelles comme il l'entend.

pnk : Quelle est votre plus belle réussite ?

JGOB : Eh bien, j'ai envie de citer la grippe A/H1N1 car c'est la première fois qu'on obtient un tel niveau de dépenses et de spectacle avant même l'arrivée de la catastrophe, qui d'ailleurs n'est pas arrivée, ce qui laisse peu d'arguments à ceux qui nous reprochent de jouer avec les vies des gens. Il faut dire que nous avons été beaucoup aidés par la FUCA américaine [Federal Union of Catastrophy Agencies, ndlr].

pnk : Le nuage de cendres volcaniques qui paralyse le transport aérien, c'est aussi vous ?

JGOB : Non, ce sont nos homologues belges de l'ABOC.

pnk : Et la crise financière ?

JGOB : Là, oui, c'est complètement nous. Kerviel n'était qu'un de nos nombreux agents. Entre nous, ce n'est pas fini.

pnk : Peut-être un mot sur une catastrophe à venir, en exclusivité pour L'étrange blogue ?

JGOB : Je peux juste vous dire que ça va faire mal. Très, très mal ! (Rires.)

pnk : Merci d'avoir répondu à nos questions.