Je viens de regarder la conférence TED de Clay Shirky, How Cognitive Surplus Will Change the World (ci-dessous).

Le propos est intéressant dans son ensemble, quoique pas d'une originalité incroyable, mais j'ai été particulièrement frappé par l'évocation d'une expérience menée par des chercheurs voulant évaluer l'efficacité de l'amende, ou plus généralement de la punition, pour empêcher un comportement.

Dans un certain nombre d'écoles d'Haïfa, les chercheurs ont mis en place une amende de 10 shekels (2 euros) pour les parents venant chercher leurs enfants en retard le soir. Dans ce groupe d'écoles, instantanément, le retard moyen des parents a triplé. Après quelques semaines, l'amende a été supprimée mais cela n'a pas rétabli la situation antérieure : le retard est resté le triple de ce qu'il était avant l'expérience.

Avant l'expérience, l'heure où les parents venaient chercher leurs enfants était conditionnée par un contrat social entre eux et les professeurs. Le fait d'établir un système d'amende a créé un contrat économique. Mais ce contrat économique n'a pas complété le contrat social, il l'a remplacé. Et dans le cadre de ce nouveau contrat économique, les parents libérés de leurs obligations sociales ont trouvé très pratique de pouvoir payer 2 euros pour gagner en souplesse dans leur emploi du temps.

Voilà qui incite à réfléchir aux règles trop mécaniques que l'on peut mettre en place dans un groupe ou une société. Car non seulement elles peuvent être contre-productives mais en plus, leur arrivée peut rompre de façon permanente un équilibre vertueux préexistant et sous-estimé.

Ce ne sont pas les exemples d'amendes et de systèmes à points qui manquent dans notre société, et on continue à en créer (comme Hadopi et son compte à rebours d'avertissements). Dans certains cas, on ne peut sans doute pas faire autrement. Mais dans d'autres, en rassurant le tricheur sur les conséquences limitées d'actes qui jusque là pouvaient faire peur car l'interdit était non codifié, le remède est peut-être durablement pire que le mal.