En cette rentrée, quelques brèves…


Les députés UMP se soulèvent contre la présentation dans les nouveaux manuels scolaires de la « théorie du genre sexuel » selon laquelle les mâles ne sont pas nécessairement de stéréotype masculin et les femelles de stéréotype féminin. Ça me semble pourtant tout sauf révolutionnaire. En revanche, cette histoire a extrait de ma mémoire un passage du manuel de biologie que nous avions au collège, preuve que cela m'avait quand même un peu indigné à l'époque, qui disait en substance que les adolescents de même sexe peuvent parfois concevoir l'un pour l'autre un sentiment amoureux, que c'est normal et que ce n'est que passager. À choisir, les nouveaux manuels me semblent quand même vachement mieux.


Je n'en reviens pas qu'on continue à publier des livres et articles ayant pour titre « machin m'a tuer ». Il faudrait que les éditeurs se rendent compte que c'est complètement éculé. En outre, les plus jeunes ne comprennent sans doute rien à cette manie, ni à la faute d'orthographe associée. À l'occasion de la sortie de Sarko m'a tuer (à grand renfort de publicité dans les médias — évidemment, rien à voir avec le fait que les auteurs sont journalistes), je me suis demandé combien de livres avaient déjà calqué leur titre sur ce modèle (en excluant évidemment tous les « Omar m'a tuer »). Google Livres donne une réponse : 93. En vrac, Le français m'a tuer, Le mammouth m'a tuer, Marianne m'a tuer, Travail m'a tuer, Facebook m'a tuer, La justice m'a tuer, L'entreprise m'a tuer, Le rap m'a tuer


En parlant de lexique, je me délecte chaque jour de celui qui accompagne les nouvelles économiques. Il y a, par exemple, les niches fiscales dont certaines sont indéboulonnables et les autres qu'on rabote. Je me demande si celui qui a inventé l'expression y a réfléchi : à moins d'y aller très fort, tout ce que vous ferez en rabotant une niche, c'est l'agrandir et l'embellir, pour le bonheur de Snoopy. Et puis, il y a les bourses. Systématiquement au pluriel. Chute des bourses, bourses en berne, bourses fragiles, bourses actives, bourses dans un climat d'excitation… Je me plais à penser que des notions économiques pourraient un jour trouver leur métaphore dans les bourses fripées et les bourses poilues, et à imaginer les journaux.


C'est moins d'actualité mais tant qu'on est dans les expressions utilisées à tort et à travers, « sous le sceau de » court en tête. À l'origine, « sous le sceau du secret » faisait allusion au cachet de cire qui garantissait le secret de la correspondance. Puis, tout à fait légitimement, la locution a été adaptée lorsqu'on voulait insister sur la protection du secret : « sous le sceau de l'anonymat », « sous le sceau de la confession », « sous le sceau de la confidence »… C'est là que tout s'emballe. Est-ce la proximité à l'expression « sous le signe de » ? Toujours est-il que la notion de secret en a pris un coup, puisqu'on trouve dans les journaux quelques perles comme « sous le sceau de la célébration des 50 ans du Togo », « sous le sceau de la magnificence », « sous le sceau de la stabilité »… Ouest-France nous offre même un splendide « Pâques sous le sceau de l'hippisme » ! Comment savoir si l'expression est utilisée correctement ? Essayez la phrase « je vous le dis sous le sceau de… » et confirmez que ça passe ou riez un bon coup. Que tout cela reste entre nous : je vous l'ai dit sous le sceau de l'hippisme.