Les présidentielles approchant, les partis hésitent de moins en moins à discréditer leurs adversaires à coups de citations.

Et plein de gens vont s'indigner de propos rapportés n'importe comment de tous les côtés. Le bon vieux coup de la citation hors contexte qui aboutit, selon le cas, à la caricature ou au contre-sens, fonctionne toujours terriblement bien. On associera plus facilement au nom d'un homme une phrase mémorable que n'importe lequel de ses actes.

Il se trouve cependant qu'une citation ne vaut rien comme preuve de l'opinion de son auteur.

Rien.

Je suis tombé récemment sur une citation de Flaubert, justement : Faire et se taire. La personne qui la rapportait, pourtant écrivain, l'interprétait de la façon suivante : bosse et tais-toi.

Il m'a paru étonnant qu'un type de l'intelligence de Flaubert ait voulu dire un truc aussi répugnant. Alors j'ai fouillé un peu. Et, en effet, ce n'est pas du tout ce que Flaubert voulait dire. Il s'exprimait au sujet des romanciers qui laissent transparaître leur opinion dans leur œuvre. Il conseillait donc d'écrire (faire) mais en laissant parler le récit plutôt qu'en transcrivant sa propre voix (se taire).

Sans le contexte, il était parfaitement impossible de deviner la nature du propos.

Faut-il pour autant ignorer les citations ? Non. Une citation dit tout sur celui qui la rapporte. Qui il déteste, qui il admire, quel genre de coup bas il est prêt à jouer, et ce qu'il pense ou ne pense pas. Il peut être utile de garder ça en tête au moins jusqu'en mai prochain. Ça retourne un certain nombre de situations.