Nous n'appartenons pas à un mouvement. Nous sommes heureux, malheureux, riches, pauvres, honnêtes, malhonnêtes, hommes et femmes, de tous pays, de toutes origines. Nous ne sommes pas un peuple. Nous n'avons pas de religion : c'est ce qui nous définit. Nous ne faisons pas de bruit. Nous ne conspirons pas. Nous ne transmettons pas d'idéologie. Il arrive cependant que nous croyions en certaines valeurs qui confinent au sacré. Souvent, nous sommes démocrates, républicains, libéraux, humanistes, parfois nihilistes, anarchistes. Si nous ne sommes pas toujours des esprits éclairés, nous apprécions les lumières de la science. Nous sommes contre toute forme d'asservissement physique ou d'aliénation mentale. Quand nous avons des interdits, ce ne sont que ceux que la vie en société exige. Cela tend à faire de nous de bons vivants. Nous sommes peut-être parfois un peu ennuyeux : les horoscopes nous agacent, nous marchons sous les échelles et caressons les chats noirs. Mais nous rions de tout car la notion de blasphème nous est étrangère. Dans le monde, nous sommes largement minoritaires. Aux États-Unis, nous inspirons la méfiance. En Europe, minoritaires, nous sommes installés. Nous n'avons pas d'écrit fondateur, pas de doctrine. Nous n'avons pas de porte-parole, pas d'autorité commune. Nos seuls adversaires sont ceux qui agiront comme tels. Nous n'avons pas de registre, pas de rituel, pas de coutume. Nous n'avons ni codes ni symboles. Nous ne nous rassemblons pas. Nous menons nos vies. Nous sommes libres.