Hop, je poste ici un truc que j'ai écrit il y a longtemps, histoire de faire bouger un peu ce haut lieu de la culture bloguesque francophone. Le texte est pas à prendre totalement au premier degré, hein. Mais j'irais pas non plus jusqu'au second.

J’ai envie qu’il se passe quelque chose.

J’ai envie que la terre tremble et de me retrouver coincé sous les décombres. J’ai envie qu’un type défonce ma porte, me foute un flingue sur la tempe et me prenne en otage. J’ai envie qu’un accident chimique ou nucléaire m’oblige à sauter dans la voiture et à partir loin, n’importe où, par la première route que je trouverai. J’ai envie qu’une longue coupure de courant généralisée nous ramène au dix-neuvième siècle. J’ai envie qu’une météorite percute la Terre et bouleverse le climat. J’ai envie que les avions ne volent plus, que les trains n’avancent plus, que les voitures ne roulent plus, que chaque homme se déplace avec ses propres muscles pour se rappeler l’existence de son corps, pour se rappeler ce qu’est un kilomètre, ce qu’est la sueur, ce qu’est la fatigue, ce que sont la faim et la soif. J’ai envie que l’eau ne soit plus potable. J’ai envie que le téléphone disjoncte, que l’internet plante, que les satellites s’abîment dans l’atmosphère. J’ai envie qu’il fasse noir la nuit, que les briquets soient vides, les allumettes mouillées, et que les hurlements des bêtes sauvages se rapprochent. J’ai envie que le vent abatte arbres et maisons, que la pluie détrempe ma peau et rabatte mes cheveux sur mon visage. J’ai envie que la foudre mette le feu à la ville. J’ai envie que rôdent mille chiens sauvages dans les rues désertes. J’ai envie de ramper pour ne pas être vu, de saboter pour ne pas être suivi. J’ai envie d’aider quelqu’un à fuir. J’ai envie de dormir dans la forêt. J’ai envie de survivre, d’utiliser mes billets pour allumer le feu et ma carte bancaire pour gratter les carcasses. J’ai envie d’être blessé et de soigner des blessures. J’ai envie de me gourer de champignons et de délirer pendant trois jours à la frontière de la mort. J’ai envie de vénérer le dieu Arbre, le dieu Caillou, le dieu Ruisseau et le dieu Terre. J’ai envie de joie et de tristesse. J’ai envie de vie et de mort.

Et j’ai envie de leur crier, à tous, qu’eux ils en ont peur, mais que moi j’en ai envie !