Comme je le disais dans un précédent billet, j'ai fait le plein de BD le week-end dernier. Et j'ai pu en potasser une partie pendant la semaine. Un programme cosmopolite : Europe, Japon et Chine.

Zoo (tome 2)

Couverture du tome 2 de Zoo

J'avais déjà dit beaucoup de bien du premier tome de cette bande dessinée de Frank et Bonifay. Il était donc logique que le second tome figure en priorité sur ma liste d'achats.

L'histoire commence où s'arrête le premier tome : la guerre vient d'éclater en Europe et ses conséquences commencent à se faire ressentir à l'intérieur du zoo. Si la passion de Célestin est de s'occuper de ses animaux, il est aussi médecin : D'abord médecin des hommes. Après, seulement, je suis propriétaire de notre paradis… Comme un problème ne vient jamais seul, les finances du zoo sont au plus bas. Manon ne comprend pas pourquoi il faut que Célestin aille accomplir son devoir, ni pourquoi Buggy doit vendre ses sculptures à regret.

Si le premier tome s'appliquait à décrire le zoo comme un oasis de bonheur dans un monde sans pitié, le second tome rebondit sur ce propos pour montrer le juste équilibre. Le monde extérieur est certes sans pitié mais il est aussi peuplé d'humains qui en souffrent. L'harmonie, pour le zoo et ses habitants, ne peut pas être trouvée dans l'autarcie, dans le refus du monde, dans la réclusion. Le zoo de Célestin, Manon, Buggy et Anna doit trouver sa place au milieu des habitants du monde ; il doit composer avec la société, sans pour autant obligatoirement adopter ses conventions.

Pour résumer, on a là un second tome qui approfondit parfaitement le premier en allant gratter un peu plus loin les implications de l'univers de Zoo. Logiquement, je le recommande avec autant d'enthousiasme que le précédent.

Zoo, tome 2, c'est chez Dupuis (collection Aire Libre).

Un monde formidable (tome 2 sur 2)

Couverture du tome 2 d'Un monde formidable

Eh oui, encore la suite d'une œuvre dont j'avais encensé le premier tome.

Dans le deuxième et dernier tome, la vie du quartier continue. Non, les vies, car il y a dans Un monde formidable autant d'histoires que de fragments d'existences à déchiffrer. Et comme personne n'est parfait, comme chacun a son histoire faite de joies et de peines, il n'existe pas de vie si banale qu'elle ne puisse être joliment racontée.

Comme dans le tome précédent, Inio ASANO raconte joliment des fragments de vie de la jeunesse un peu perdue d'un quartier tokyoïte.

Et comme le tome précédent, je conseille chaudement.

Un monde formidable, tome 2, c'est chez Dargaud/Kana (collection Made In).

Orange

Couverture du tome 2 d'Un monde formidable

Benjamin est un jeune illustrateur Chinois qui s'est fait un nom en France l'an dernier, lors de la sortie de Remember. S'il faut le résumer en deux traits, il y a d'abord son style graphique caractéristique, à cent lieues de la ligne claire : jeux de lumière, couleurs acidulées, panoramas précis et mouvements flous, visages lisses dans le calme et brouillés dans la violence. Et puis, il y a ses histoires : une jeunesse mal dans sa peau, jeune homme paumé, jeune fille blessée. Un monde désabusé de à quoi bon, carpe diem, je t'aime et va te faire foutre.

Évidemment, par moments, on se dit qu'on a peut-être passé l'âge des blessures existentielles un peu gnan-gnan façon série pour ados. Et puis on accroche. Le propos est dur, très noir et pessimiste, avec juste une touche d'espoir par-ci par-là. Le résultat est fort, sans aucun compromis. Dès lors, on change de point de vue : ce n'est sûrement pas une histoire pour ados, c'est juste une histoire de jeunes paumés. La postface le confirme, l'œuvre n'est pas préméditée, c'est la blessure de l'artiste posée sur le papier. Les histoires sombres d'une réalité glauque, on aime ou on n'aime pas — moi j'aime. Et le dessin de Benjamin aussi, j'aime. D'ailleurs, comme le faisait Remember, Orange se termine sur une gallerie d'illustrations de l'auteur.

Bref, lire Benjamin, c'est comme écouter Kurt Cobain : y'a pas d'âge.

Orange, c'est chez Xiao Pan.

La citation du jour

La vie devrait davantage ressembler à la télé. Bill Watterson, Calvin et Hobbes


(© Dupuis / Frank / Bonifay pour la couverture de Zoo, © Dargaud / Kana / Inio ASANO pour la couverture d’Un monde formidable, © Xiao Pan / Benjamin pour les couvertures de Remember et Orange, © moi pour les photos.)