Les beaux jours reviennent.

La phrase, d'une banalité désarmante, n'en est pas moins réconfortante.

Voilà une petite semaine qu'en sortant du train, le soir, je ne me dirige plus chez moi. Je bifurque par le souterrain qui conduit à la médiathèque et j'escalade les hauteurs de Jolimont.

Il faut dire, aussi, qu'après quelques mois passés à ne plus compter mes heures de boulot afin de terminer un gros projet à temps (c'est fait !), j'ai décidé de ramener mes horaires à un niveau normal et de souffler un peu. Et de profiter, donc, des beaux jours qui reviennent.

Arriver dans le quartier de l'observatoire en venant du centre-ville est une expérience assez déconcertante. En deux minutes, on passe de l'agitation, du bruit et des odeurs des boulevards au silence absolu de rues résidentielles à flanc de colline. On passe d'immeubles noircis par les échappements à de jolis pavillons disparates entourés de jardins bien entretenus. On passe, en quelques mètres de dénivelé, du gasoil à l'oxygène, aux odeurs de verdure et de terre. Toulouse est la métropole française la moins densément peuplée (ce qui pose d'ailleurs des problèmes d'urbanisme) et ce quartier, à deux pas du centre, en est l'exemple frappant. De tous les quartiers de Toulouse, c'est celui où je préfèrerais vivre, bien plus encore que dans les plus beaux immeubles du vieux centre.

En attendant, comme un rituel, certains soirs, je gravis la longue rue en pente raide qui aboutit aux jardins de l'observatoire. Je l'ai déjà dit mais il faut le répéter : là-haut, l'air n'a rien à voir. On prend plaisir à respirer. La fraîcheur, les odeurs… On a soudain conscience de ce que cet acte réflexe vital peut avoir d'agréable.

Puis il y a le plaisir des oreilles : un silence ponctué de petits bruits, le titutitutitu d'un troglodyte, une voiture qui passe lentement, quelques notes de musiques, quelques cris d'enfants et un peu de rap qui s'échappe d'une fenêtre de la MJC.

Pour compléter le tableau, les bâtiments de l'observatoire ajoutent à l'ambiance particulière du lieu : hors des pelouses surgissent les étranges coupoles des téléscopes et au milieu de tout cela, le bâtiment principal, grandiloquent avec son fronton antique et ses tourelles, incongru au milieu des parterres de fleurs et des bosquets.

Il ne reste alors qu'à choisir un banc et s'y poser avec un bouquin ou même, sans rien, juste pour être là et ne rien faire. Et se rappeler que le simple fait de se trouver quelque part se justifie parfois de lui-même.

Se poser un peu dans l'instant au lieu de passer sa vie à ne pas la vivre.

Les beaux jours reviennent.