Je voulais parler de mes travaux de démolition de la semaine passée, mais il y a plus important et plus intéressant : vendredi a commencé à la cinémathèque de Toulouse la neuvième édition du festival Extrême cinéma.

L'idée motrice d’Extrême cinéma est d'une part de montrer des images qu'on verra difficilement ailleurs. Non car elles sont rares, même si certaines le sont, mais car elles sont incorrectes, inconvenantes, souvent amusantes et aussi souvent dérangeantes. Il y a donc de la part des programmateurs la volonté de se frotter aux limites de ce qu'est le cinéma, aux extrémités du genre, aux extrêmes qui n'en font plus qu'un qui est le thème du festival.

Mais une telle démarche serait d'un intérêt limité, serait simple voyeurisme ou, pour certaines images, simple masochisme, si la programmation n'avait pas l'intelligence de poser chaque année la grande question du cinéma, celle du rapport de l'homme à l'image, celle du rapport de la représentation au sujet, celle de la position du cinéaste-créateur vis-à-vis de son œuvre-création — dans le cadre du festival, œuvre-monstre — et celle de savoir si distinguer images réelles et fabriquées a un sens. L'image n'est-elle pas toujours un artifice ?

Ainsi, les années passées, j'ai pu encaisser de jolis monstres tels que Visitor Q, La Goulve, Cannibal Holocaust, Session 9, Vase de noces et d'autres que ce salaud d'inconscient a depuis lors occultés pour préserver ma toute relative santé mentale.

Cette année, sous le titre « Mondo Bizarro », Extrême cinéma s'attaque au Mondo Movie, précurseur de la télé-réalité, film de foire, collection d'images à sensations fortes montées façon documentaire sans aucune éthique de vérité. Les images sont parfois vraies, parfois créées de toutes pièces, mais ça n'est jamais dit, ou ça l'a été après coup. On a aussi appelé le genre chocumentaire ou fauxculmentaire. Cependant, comme chaque année, le programme est assez ouvert et autour d'une jolie sélection de Mondo Movies gravitent des films assez variés qui aident à ouvrir le propos — à explorer, encore une fois, les limites d'un genre qui est lui-même aux limites du cinéma.

Je pense réussir à caser dans mon emploi du temps quatre ou cinq séances d'ici dimanche. J'entame tout de suite avec May et Presque des hommes (merde, chuis à la bourre). Demain, j'essaierai de voir Documents interdits. Jeudi et vendredi, j'ai des invitations pour Paris interdit et Le Sadique aux dents rouges de Jean-Louis Van Belle que, heureux hasard, mon boss connaît bien. Et samedi, il y a le traditionnel film surprise.

Et c'est parti !

P.S. : j'avais eu la chance, en 2002, de publier une interview des organisateurs du festival en tant que rédac'chef du Sun7, le journal des étudiants de l'ENSEEIHT. Pour la lire, c'est par ici et l'interview est de Clément, merci à lui !