Chocolat à la crème brûlée. Yaourt parfum tarte aux pommes. Glace goût crumble.

Il y a dans l'industrie agro-alimentaire une nouvelle tendance parfaitement idiote consistant à élaborer des produits finis à partir de produits théoriquement finis. Enfin, à prétendre. Faut pas croire, y'a pas un type qui prépare des crèmes brûlées pour les hacher et fourrer du chocolat avec. Je veux même pas savoir de quoi est fait le truc qu'il y a au milieu des carrés mais pour que ça se conserve indéfiniment à température ambiante, ça doit être loin de la crème brûlée.

Nan mais c'est vrai, quoi, c'est complètement con. Même sans s'occuper de la qualité ou de la nature du truc. À quand l'éditeur qui sort une collection de romans contemporains avec des phrases « façon grands classiques » dedans ? Pour suivre la tendance alimentaire débilisante, ils pourraient appeler ça « Mon petit roman façon Balzac » et « Passion à la Zola. »

Ou « Mon voyage en train comme en avion » avec annonce de bienvenue (Ici votre conducteur, bienvenue à bord de cet autorail Alsthom à destination de Meule-lès-Foins. Notre temps de roulement sera aujourd'hui de deux heures et douze minutes avec une température à l'arrivée de vingt-trois degrés Celcius. Quelques turbulences à prévoir à mi-parcours en raison d'un mouvement social.) et démonstrations de sécurité (En cas de retard prolongé, des journaux tomberont du dessus de votre siège. Saisissez-vous-en comme ceci et tournez les pages pour tromper l'ennui.). Sans oublier l'indispensable arrêt au port de Nice.

Pourquoi pas également le ciné façon administration publique ? Bonjour, je voudrais deux places pour …, s'il vous plaît.
— Et alors il m'a dit… Et puis machine, tu sais pas ce qu'elle lui a répondu ?
— Hem !
— Pour un billet ? Vous avez rempli le formulaire de déclaration de présence à une manifestation culturelle à caractère cinématographique ? Nan j'en ai pas, faut les retirer à la préfecture. Et un extrait d'acte de naissance pour vérifier votre âge ; le film est interdit aux moins de douze ans. Oui, oh, l'air d'avoir cinquante ans, c'est pas à moi d'en juger, Monsieur. J'en étais où ? Oui donc elle lui a répondu…

Et les possibilités sont vastes. La chaise façon tabouret, la chemise façon caleçon, le torchon façon serviette… Et pourquoi pas des hybrides intercatégoriques ? Glace goût torchon ! Ma petite paire de ciseaux façon redressement fiscal ! Hé, ça deviendrait presque intéressant, poétique. Invendable, heureusement. Secret de blogue façon n'importe quoi.

Ahhhh, la fuite de l'essence des choses. La tarte aux pommes réduite à la possibilité d'un goût. Quand la créativité (si, si, fallait quand même y penser !) arrive à se faire absence totale d'inventivité et d'imagination, réutilisation désespérée de concept culinaire préfabriqué.

Ahhhh, mon mépris le plus absolu envers les gens payés pour faire ça. Alors qu'il devient impossible de trouver en supermarché un yaourt à la vanille. Et j'entends par là avec de la vanille dedans. Beaucoup de gens diraient : de la vraie vanille. Quand l'artifice devient la norme, le mauvais l'habitude, il faut préciser ce qui ne va plus de soi.

Au fait, vous savez pas le plus drôle ? Le système s'effondre. Ils tournent déjà en rond. Chez Lindt, y'a un chocolat fourré « Tarte au Chocolat ». Si.